Achille GEOFFROY
Achille GEOFFROY, teneur des coins du poêle
Marc R. Côté
Société de généalogie de Lanaudière
Mon bisaïeul maternel, Achille GEOFFROY, était un employé de la ville de Joliette. Il est né à Ste-Élisabeth d’Autray le 20 janvier 1865. Il est fils du cultivateur François GEOFFROY et de Zoé GUYON de Ste-Élisabeth d’Autray. Il a vécu une partie de sa jeunesse à St-Élisabeth d’Autray, et il est décédé à Joliette 24 novembre 1952 à l’âge de 87 ans 10 mois 3 jours.
Georgiana LAFRENIERE |
Il a marié Georgiana LAFRENIERE à Ste-Élisabeth d’Autray le 1er juin 1886, fille de Prosper LAFRENIERE, cultivateur, et d’Éléonore LAVALLÉE. Elle est décédée à Joliette le 1er décembre 1952 à l’âge de 90 ans, une semaine après le décès de son mari tel que le rapportait le journal joliettain l’Action populaire, en première page, le 4 décembre 1952.
Achille GEOFROY réside à Ste-Élisabeth d’Autray lors du recensement canadien de 1881. Il habite avec ses frères et sœurs, et tout comme son père, il est lui-même inscrit comme cultivateur même s’il n’a que 15 ans.
Puis au dénombrement de 1891, il disparait du recensement canadien alors que son frère aîné Wilfrid est recensé avec sa famille.
A-t-il disparu aux États-Unis lors de la migration des Canadiens-français du Québec pour la Nouvelle-Angleterre lors de la fin du XIXe siècle, rien ne le porte à croire puisqu’aucune entrée immigrante n’est inscrite portant son nom dans les données américaines.
Puis, lors du recensement du 11-12 avril 1901, il est marchand général à Ste-Élisabeth, comté d’Autray. Au recensement de 1911, il demeure avec sa famille à Joliette au 17 rue Baby1,2. La résidence portera différents numéros civiques au fil des ans : le 43 et enfin le 311 lors des homologations des numérotations civiques de Joliette.
De la première cohorte policière de Joliette
À l’âge de 43 ans, il a été de la première cohorte de policiers de nuit à Joliette en 1908. En 1911 le recensement indique qu’il est constable de police.
Puis, le 12 mars 1912 selon le journal joliettain l’Étoile du Nord, la ville de Joliette décidait d’engager 2 autres constables pour la patrouille de nuit et devenir les adjoints d’Achille GEOFFROY soit messieurs Damien CORBEIL et Ozias BRAULT.
Ceux-ci patrouillaient sans arme, munis seulement d’un bâton/matraque de police de type Boston comme le montre la photo ci-contre3.
L’un de ses petits-fils racontait quelques anecdotes sur le rôle de policier de son grand-père. Il relatait que celui-ci avait trouvé un abri pour les jours pluvieux d’où il pouvait voir la Place du marché de Joliette de l’époque et anticiper les larcins ou des méfaits que des gredins commettraient sur les lieux publics au cœur commercial de la ville.
Il rapportait aussi quelques faits policiers de son grand-père, dont une patrouille dans un monastère féminin. Ainsi, Achille GEOFFROY aurait séjourné quelques nuits chez les moniales du Monastère du Précieux-Sang de Joliette lorsque les sœurs cloîtrées constatèrent que dans leur domaine jouxtant la rivière l’Assomption des vols de légumes et de petites volailles se produisaient et étaient signalés à la prieure de l’abbaye. Celle-ci a demandé à la ville de Joliette une assistance policière pour être en mesure d’identifier les voleurs sur le terrain du cloître. Pour permettre à un homme, même s’il était policier, d’entrer dans le prieuré, l’évêque de Joliette Mgr Joseph-Alfred ARCHAMBAULT devait donner son aval sinon sa bénédiction. Évidemment les quelques jours passés au cloître par Achille GEOFFROY n’ont pas permis d’identifier les larrons.
Collecteur de taxes et huissier de la ville de Joliette
À 53 ans, le 7 mars 1918, Achille GEOFFROY devient collecteur des comptes d’électricité et de taxes pour la somme de 18,50$ par semaine, tout en étant huissier pour la Ville de Joliette. Il fera cet emploi près de 20 ans.
C’est 19 ans plus tard, lors de la réunion du conseil de la ville de Joliette du 12 avril 1937 au procès-verbal de la réunion du conseil dit: « Il est résolu que le salaire de M. Achille GEOFFROY soit fixé à 10.00$ par semaine d’ici au 1er mai 1938, le Secrétaire [municipal] devant tâcher de trouver de l’ouvrage à ce vieil employé dans la mesure de ses forces et capacité.» Il avait 72 ans.
L’année suivante aux minutes de la réunion du conseil de ville de Joliette du 11 avril 1938, il est mentionné: « Achille GEOFFROY dont les services ne sont plus requis, prenne force et effet à partir du premier mai prochain.» C’est à 73 ans que l’heure de sa retraite avait sonné pour ce citoyen joliettain.
Des teneurs des coins du poêle.
L’expression teneurs des coins du poêle se retrouve dans le journal La Gazette de Joliette le 25 juillet 1889 et apparait dans d’autres hebdomadaires fréquemment pendant les décennies suivantes. L’on retrouve aussi l’expression tenir les cordons du poêle qui a aussi la même signification.
Achille GEOFFROY était fréquemment porteur de cercueils lors de funérailles des gens de Joliette et des environs. Le 14 septembre 1933, le journal joliettain l’Action populaire produit un article lors du décès de Mme Marie-Lydia HÉNON mariée à M. J.-P. LAPORTE. L’éloge funèbre journalistique fait la nomenclature des porteurs du cercueil et des teneurs des coins du poêle. Achille GEOFFROY était l’un des teneurs des coins du poêle. Mais que veut dire cette vieille expression ?
Deux membres de la Société de généalogie de Lanaudière (SLG) connaissaient l’expression qui avait trait à ce rite religieux pour les personnes d’importances lors de leurs funérailles.
Autrefois, la poêle désignait le drap mortuaire ou la grande pièce de tissu noir ou blanc dont on couvrait le cercueil pendant les cérémonies funèbres. Il disposait de cordons, généralement bleus, cousus aux coins et sur les bords pour tenir l’ornement mortuaire en place. Tenir les cordons du poêle, c'était tenir les cordons reliés au drap funéraire qui recouvrait le cercueil.
Aujourd’hui ce serait marcher à côté ou à l’arrière du cercueil du défunt lors d’un enterrement pour l’accompagner pour les cérémonies religieuses ou lors de sa mise en terre.
Les policiers et les soldats accompagnent les leurs de cette façon pour ceux morts en service.
L’étymologie de l’expression.
Cet ornement mortuaire est un nom masculin: un poêle. Tandis que l’instrument de cuisine pour cuire est quant à lui féminin, la poêle, tandis que l’appareil de chauffage est masculin4.
Du point de vue linguistique, l’étymologie du mot poêle est issue du vieux latin. « Le drap mortuaire vient du bas-latin palliu (latin classique pallium = manteau, couverture, tenture). Il s’écrivait paile en ancien français puis le groupe ai, comme dans d’autres mots savants d’emprunt ancien, est passé à oi, prononcé wa. La poêle (à frire, à crêpes...), quant à elle, qui vient de patella (= patelle, petit plat, assiette), s’écrivait au moyen-âge paele, ce qui nous rappelle la paella espagnole. En ce qui concerne le poêle (à bois, par exemple), l’étymologie est pensilis.»5
Teneur des coins du poêle c’est tenir le drap mortuaire recouvrant le cercueil lors des funérailles d’une personne importante dans la communauté municipale ou ecclésiastique.
1. Ceci est l’ancienne dénomination des numéros civiques. Les numéros civiques changèrent quelques fois au cours des décennies et la résidence allait devenir le 311 rue Baby des années plus tard.
2. Louis-François-Georges BABY, fonctionnaire, avocat, homme politique, juge résidait à Joliette. Il est parent avec Barthélemy JOLIETTE. http://www.biographi.ca/fr/bio/baby_louis_francois_georges_13F.html.
3. Artéfacts familiaux, bâton policier de type Boston appartenant à Achille GEOFFROY.
4. Tiré du dite internet https://fr.wiktionary.org/wiki/po%C3%AAle
5. Tiré du site internet Expressio.fr.