Métier ou profession d'ancêtre(s)

Textes publiés lors de la 1re édition du Concours "Mes ancêtres au bout de ma plume !" lors de la SNG 2023.
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Voyageurs at dawn, 1871 par Frances Anne Hopkins

Petit Lalumière et Sénécal Laframboise : voyageurs de 1717 à 1773

Pierre Lalumière

Société de généalogie des Laurentides

 

Voici l’histoire de mes ancêtres Petit Lalumière et Sénécal Laframboise et qui se firent connaître comme voyageurs.  

« De la fin du XVII siècle au milieu du XIX siècle, en Amérique du Nord, un voyageur était un employé d'une compagnie qui partait faire la traite des fourrures avec les Autochtones. En 1681, les autorités françaises réalisèrent que les commerçants de fourrures devaient être contrôlés de manière que l'industrie reste rentable. Elles ont ainsi légitimé et limité le nombre de coureurs des bois en établissant un système utilisant des permis (ou congés). Cette légitimation créa la seconde génération de coureurs des bois : les voyageurs. Les voyageurs possédaient un permis, ou étaient alliés avec un marchand de Montréal en possédant un1

Plusieurs des fils et petits-fils de Paul Petit dit Lalumière et Louisse Bissonnette ont été des voyageurs et ont contribué à l’expansion de la Nouvelle-France tout comme des fils, petit-fils et arrière-petit-fils d’Adrien Sénécal dit Laframboise et Jeanne Lecompte tous établies à Varennes. 

Les Petit Lalumière et les Sénécal Laframboise sont quatre familles établies entre 1720 et 1735 à Varennes. 

Il s'agit de :

  • Joseph Petit Lalumière marié en 1735 à Charlotte Sénécal Laframboise, fille d’Adrien Sénécal Laframboise et de Louise Bareau.
  • Paul Petit Lalumière marié en 1726 à Marie-Louise Sénécal Laframboise, fille d’Adrien Sénécal Laframboise et de Louise Bareau.
  • Michel Petit Lalumière marié en 1720 à Marie-Renée Sénécal Laframboise, fille d’Étienne Sénécal Laframboise et Petronile Milet.
  • Louis Sénécal Laframboise, fis d’Étienne Sénécal Laframboise et Petronile Milet marié en 1724 à Marie-Louise Petit Lalumière, fille de Paul Petit dit Lalumière et de Louise Bissonnette.

J’ai retracé sur le site de la Société d’Histoire de Saint-Boniface des contrats passés entre des Petit dit Lalumière et des marchands de Montréal de 1726 à 1763. Sur ces 16 voyages effectués sur une période de 38 ans, les Petit dit Lalumière se seront rendu à plusieurs destinations :  Fort Kaministiquia, Fort Pontchartrain du Détroit, Fort Michilimakinac, Poste de Nipigon, Fort St-Joseph et Fort La Pointe.

Le premier de ceux-ci, c’est Jean-Baptiste Petit Lalumière fils de Paul. Il signe pour 1 an et il passera l’hiver au Fort Kaministiquia pour des gages de 350 livres. C’est le seul voyage de répertorier de lui que j’ai retrouvé et l’on peut présumer que le procès intenté par lui le 19 novembre 1728 contre les Marchands Gauthier de Varennes et Jean-Baptiste Godefroy, pour le recouvrement de ses gages qui ne lui ont pas été versés à son retour, l’a peut être découragé à continuer de pratiquer ce métier dangereux et risqué. Ref BANQ : Fond juridique Royal de Montréal.

Trois autres fils de Paul Petit dit Lalumière, Michel, Joseph et Étienne seront aussi des voyageurs, tous comme ses petits-fils : Louis fils de Paul Jr, Michel et Félix fils de Michel Petit Lalumière. 

En 1734, ce sera le premier voyage d’Étienne âgé de 22 ans et de Joseph âgé de 28 ans, notre ancêtre, pour les Fort Pontchartrain du Détroit et Fort Michilimakinac.

Voici le contenu du contrat de Joseph Petit Lalumière : 
Le 21 mai 1734 signer à Montréal chez le notaire François Lepailleur de LaFerté, pour la compagnie de Marchand Cristophe de la Gemeraye :  Joseph Lalumière de Varennes embarquera pour le Fort Michilimakinac avec comme fonction en montant aider à mener et conduire une canoté de marchandises et en redescendre et rendre une canoté de Peltrie en cette dite ville- avoir soins des canots, marchandises, pelteries, vivres et ustensiles, tant en montant au dit lieu qu’en descendant- chasser, pêcher. Il recevra en gage la somme de cent quarante livres, sitôt son arrivé en cette ville en castor ou lettre d’échange - En outre un Braguets et une paire de Mitasse avant son départ de cette ville.                                                  

(Braguets définition : culotte qui ne descend qu’aux cuisses, culotte de bain)  

(Mitasse définition : Guêtre de feutre, de cuir ou de peau de chevreuil. Chaussure de feutre pour les grands froids.)

Joseph épousera Charlotte Sénécal en 1735 et ils s’établiront sur une terre à Varennes. C’est là que notre lignée se continuera. Il effectuera un autre voyage en 1743 pour le compte de Charly St-Ange. Ce sera une expédition de 3 canots et 18 hommes engagés pour aller au Poste de Nipigon. Tout comme son père Paul, Joseph sera nommé Capitaine de milice.

Pour Étienne Petit Lalumière âgé de 33 ans, c’en était de son cinquième et dernier voyage. Il décèdera quelques années plus tard en mai 1752 à l’âge de 40 ans. Sa veuve Marie-Élisabeth Favreau lui survivra 35 ans. Elle ne se remarie pas et décède à Boucherville le 10 juillet 1787 à l’âge de 70 ans.

En 1744 se sera le premier voyage pour Michel Petit Lalumière (fils) destination Poste des Miamis (Détroit) le négociant Louis Charly Saint-Ange pour le compte de Madame Veuve La Ronde (Marie-Louise Chartier de Lotbinière) veuve de Denys de La Ronde Officier des troupes de la Marine et successeur du Commandant Claude de Ramezay, engage 6 canots et 36 voyageurs pour y expédier des marchandises.

En 1751 son père Michel veuf et âgé de 54 ans accompagne son fils dans ce voyage pour le Fort Michilimakinac car ses enfants ont tous quitté la maison. Il est dispensé de portage et est responsable des vivres et ustensile et de la préparation des repas pour l’équipe pour des gages de 350 livres.

À eux seuls Michel (père) et (fils) auront effectuer 8 voyages sur une période de 10 ans, ayant parcouru en canot et portage des dizaines de milliers de kilomètres comme voyageurs et encaisser plus de 1800 livres, soit des revenus nettement au-dessus de la moyenne des habitants de l’époque. Au cours de ces 10 ans comme voyageur, Michel (fils) effectuera 2 longs séjours de 2 hivers chacun à faire la traite des pelleteries avec les Autochtones. Son dernier voyage sera en 1754 et à son retour à l’automne âgé de 33 ans il épouse à Varennes, Marie-Madeleine Pilalier âgée de 21 ans. 

Pour Louis fils de Paul Petit dit Lalumière et de Marie-Louise Sénécal, il signe le 15 mai 1753 pour le représentant de la compagnie non cité Pothier Toussaints pour le Fort Michilimakinac. C’est son premier et dernier voyage qu’il effectua à l’âge de 21 ans en compagnie de Noël Mousseau pour des gages de 150 livres et une paire de mitasses et une aulne toile De Beaufort. Il épouse en 1758 à Boucherville à l’âge de 26 ans, Thérèse Normandin âgée de 20 ans.

Les derniers voyages effectués par les Petit Lalumière est celui d’Étienne âgé de 21 ans fils d’Étienne Petit Lalumiere et d’Élisabeth Favreau et de Félix âgé de 24 ans fils de Paul Petit Lalumière (fils) et Marie-Louise Sénécal. Ils signent le 6 mai 1763 devant le notaire Pierre Panet de Méru pour la Compagnie de Jean Aurillat, pour des gages de 400 livres chacun qui leur seront remis à leur retour. La destination est Fort La Pointe à l’extrême limite ouest du grand lac Supérieur sur l’Île Madeline, un voyage de plus de 4000 km pour l’aller-retour. Ils y passeront tous l’hiver avec leurs compagnons de voyage avant de revenir le printemps suivant.

Pour les Sénécal Laframboise c’est 14 voyages qu’ils feront entre 1717 et 1768.

Parmi ces voyageurs, Adrien Sénécal époux de Louise Bareau marié en 1706 (mes ancêtres côté paternel). Il est le fils du pionnier Adrien Sénécal dit Laframboise et de Jeanne Lecomte. Il signe un contrat pour un voyage à Missillimakinac le 21 mai 1717 à Ville-Marie pour le marchand Paul Guillet chez le notaire Adhémar pour des gages de 450 livres.

Adrien Sénécal (fils) époux de Marie Josephe Meunier marié en 1737. Il signe le 16 mai 1738 pour la même destination pour le marchand Pierre Joseph Celoron Écuyer sieur de Blanville pour des gages de 150 livres. 

Paul Sénécal, mon ancêtre côté maternel, époux de Marie Dalpé Parizeau marié en 1739. Il est le fils d’Henri Sénécal Laframboise et Catherine Poutré Lavigne. Paul effectue cinq voyages entre 1731 et 1739. Son premier contrat il le signe le 27 avril 1731 à Montréal pour le marchand Nicolas Antoinne Coulon, Écuyer Sieur de Viller pour des gages de 240 livres ou pelleteries.  Destination Grande Rivière, Missillimakinac et LaBaie.

Son avant-dernier voyage il le fera en compagnie d’un Petit dit Lalumière comme on peut le constater dans son contrat. Voici les détails : Le 24 janvier 1738 a Montréal il signe pour la Compagnie de marchand : Associés de la Mer de l’Ouest, représenté par Jean-Baptiste Legras, signé devant le notaire François Lepailleur de LaFerté pour des gages de 230 livres et outre une paire de mitasses et un braguet, a été convenu que ledit Paul Sénécal montera dans le canot ou sera Étienne Lalumière. 

Étienne Petit Lalumière fils de Paul Petit dit Lalumière et Louise Bissonnette est le beau-frère de sa cousine Charlotte Sénécal, fille d’Adrien Sénécal et Louise Bareau. Paul et Charlotte Sénécal sont nés la même année en 1710 à Varennes.

Étienne Sénécal fils d’Étienne Sénécal et Marie Louise Girard. Il épousera Marie Brunel le 22 février 1762 soit trois mois avant son premier voyage. Le 21 mai 1762, il signe pour Le Comte Dupré un voyage au Fort PontChartrain (Détroit) devant le notaire François Simonnet pour des gages de 250 livres. Sa fonction, tenir le devant du canot.

Jean-Baptiste Sénécal fils de René Joseph Henri Sénécal et Élisabeth Leriche Lasonde. Un seul voyage répertorié pour lui soit le 4 mars 1763, destination Toronto pour Joseph Dubois La Réjouissance marchand voyageur demeurant en la maison au faubourg Saint-Laurent en cette dite ville (Montréal). Pour des gages de cinquante livres par mois.

Louis Sénécal fils de Paul Sénécal et Marie Dalpé Parizeau. Il signe a Montréal le 10 mai 1768 pour un voyage au poste de Michilimakinac, et il devra y passer l’hiver pour le marchand Amable Desrivière signé devant le notaire François Simonette pour des gages de 370 francs et par-dessus ses gages une couverte, une chemise de coton, une paire de mitasses, un braquet et la moitié de sa chasse pour les gages et salaire dudit Engagé qui lui seront payées à son retour en cette ville en argent ayant cours en ce pays.

C’est le dernier des voyages pour la lignée des Sénécal Laframboise. D’autres Sénécal feront des voyages jusqu’en 1830, mais ce sont des Sénécal originaires de Montréal et descendants de Jean Sénécal et Catherine Desenne mariés le 15 octobre 1672 à Montréal. Après la prise de la Nouvelle-France par les Britanniques les marchands français sont remplacés par des marchands anglais.

Étienne Sénécal de Phalsbourg Saint-Laurent, Montréal signe un engagement pour 3 ans avec la compagnie de Marchands, McTavish, McGillivrays & Co et Alexander McKenzie devant le représentant de la compagnie A.N. McLeod et le notaire John Gerbrand Breek pour des gages de 700 livres et 20 piastres en avance. 

Voici les détails de son engagement : partir de Montréal, en qualité de Milieu dans un de leurs canots, pour faire le voyage, et pour hiverner durant trois Années y travailler de son métier de Charpentier - passer par Michilimakinac, s’il en est requis, donner six jours de corvée, faire deux voyages du Fort William au Portage de la Montagne, ou au lieu d’iceux donner six jours de temps à d’autres ouvrages à l’option des dits Sieurs - aider à porter les canots à trois dans les terres. Il aura pour équipement une couverte de trois points, une couverte de deux points et demi, six aunes de coton, une paire de souliers de boeuf et un collier, - s’oblige de contribuer d’un pour cent sur ses gages pour le Fonds des voyageurs.

Ceci conclut l’histoire des Petit Lalumière et Sénécal Laframboise comme voyageurs.

 


Sources : BAnQ, PRDH-IGD, Société d’Histoire de Saint-Boniface.

1. Extrait de Wikipédia.

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